Le TiTi
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Le TiTi
Sur l'Ile de Man, les ''grands anciens'' ont inscrit leurs noms. Toute une génération, plus ou moins nouvelle, continue d'écrire l'épopée du Tourist Trophy (TT). Portrait de ces héros et de leurs successeurs.
«Regardez-les, ils reviennent de la guerre !», s’exclame un commissaire sportif, avisant les visages exténués, et les yeux rougis des pilotes qui franchissent la ligne d’arrivée. Oui, en quatre ou six tours - de 240 à 360 km, selon les catégories -, ils ont tout vu, tout vécu, tout senti. Certains rient ou chantent sous leur casque, joyeux et soulagés de l’avoir fait. Les meilleurs, eux, sont souvent moins expansifs… mais pas moins heureux. Parmi eux, on retiendra les incontournables :
John Surtees (Anglais ; 6 victoires au TT)
Il a 19 ans lorsqu’il s’aligne au départ de son premier TT, en 1953. Loin de l’empêcher de tenter l’aventure, ses parents l’accompagnent, son père faisant office de mécanicien, et sa mère, de chronométreuse ! Tant qu’il battait sur pistes la référence anglaise, Geoff Duke, on disait de John Surtees qu’il n’était «qu’un pilote de circuits». Il fit définitivement taire ces vilaines langues en s’imposant sur les routes de l’Ile de Man. En 1957, durant les essais du petit matin, il percute une vache, mais n’en perd pas son flegme. «Je l’ai vue se relever et partir… Ni elle ni moi n’étions blessés !», se souvient-il.
Giacomo Agostini (Italien ; 10 victoires)
«Aussi souvent que je partais courir en Grand Prix, j’embrassais ma mère, en songeant que c’était peut-être la dernière fois. Mais cela ne m’empêchait pas d’y aller», raconte "Ago". Jusqu’en 1976, le TT était une manche du championnat du monde de vitesse. Giacomo Agostini, contrairement à certains de ses pairs - qui jugeaient l’épreuve trop dangereuse - ne s’en est jamais plaint. «Personne ne nous obligeait à faire ce métier.» Et pour lui, qui remporta pas moins de 15 championnats du monde, une seule victoire au TT, disait-il, valait à elle seule un titre.
Mike Hailwood (Anglais ; 14 victoires)
"Mike the Bike" avait tout pour lui : la naissance, l’éducation, le charme… et le talent. Les amoureux du TT avaient eu le cœur serré lorsqu’il avait annoncé son intention d’abandonner la moto pour passer sur quatre roues. Champion d’Europe de Formule 2, il était ensuite passé, logiquement, à la F1. Un accident en 1974 au Nürburgring, sur sa McLaren, mit fin à sa carrière automobile. Aussi le jugea-t-on fou quand, en 1978, à 38 ans, il revint au TT. Mais il le gagna, et rejoignit pour l’éternité la lignée des héros.
Joey Dunlop (Irlandais ; 26 victoires, record absolu)
Mort en 2000 en Estonie, sur une course sans importance, au guidon d’une 125 cc, Joey Dunlop est, aujourd’hui encore, l’idole d’enfants qui ne l’ont jamais connu. Joey était un taiseux, un humble, un timide. Son parler - rare - était doux et calme. L’inverse de son expression à moto. Là, il devenait exubérant, brillant, implacable. Derrière ses succès légendaires, au talent il associait le travail, passait des journées entières à préparer des machines, partait reconnaître la route à 2h du matin, les jours de course. Et prétendait qu’au TT, «un tour parfait n’existe pas». Mais si quelqu’un devait un jour le réaliser, tous ses adversaires pensaient que ce serait lui…
David Jefferies (Anglais ; 9 victoires)
Ce colosse était issu d’une famille de motards, remontant à Allan Jefferies, le grand-père. Il se plaisait à rappeler que le TT, il y était venu tout bébé déjà. En quatre ans de courses à l’Ile de Man, il s’était forgé un palmarès plus que prometteur. Il fut le premier pilote à franchir la barre des 125, 126 puis 127 mph de moyenne (201,17 km/h, 202,78 km/h et 204,39 km/h) sur un tour. Aimé et respecté de ses pairs, il s’est tué aux essais du TT en 2003. Sa famille a insisté pour que l’épreuve ne soit pas annulée. «Il n’aurait pas aimé»…
John McGuinness (Anglais, 42 ans ; 20 victoires)
John avait 2 ans lorsque son père, marchand de motos, l’installa sur un mimi 50cc, équipé de petites roues stabilisatrices ! Plus tard, complètement mordu, John se débrouilla seul pour financer sa carrière. Maçon et ramasseur de coques, il traça son chemin sur les circuits et surtout les routes. "Big John", qui, enfant, nourrissait une admiration sans bornes pour Joey Dunlop, a eu le bonheur de devenir un jour son équipier et "protégé" chez Honda. De Joey, John a hérité le style de pilotage, fluide et souple. Et Joey serait sans doute heureux de le voir aujourd’hui se rapprocher de lui au palmarès.
Michael Dunlop (Irlandais, 25 ans ; 8 victoires)
Neveu de Joey, et fils de Robert (5 victoires au TT), Michael a hérité la faconde de son père. Il s’est choisi pour emblème un taureau furieux, cela lui sied à la perfection, au physique comme au mental. Michael est doté d’une hargne farouche, boude quand il perd, exulte quand il gagne. Peu à peu, il a appris à "domestiquer" son langage. Sa première victoire internationale, il l’a remportée dans des circonstances terribles, en 2008 à la North West 200. Deux jours plus tôt, son père s’était tué là. Michael et son frère Williams ont couru quand même.
Bruce Anstey (Néo-Zélandais, 44 ans ; 9 victoires)
Sous ses abords de grand timide, au guidon, Bruce est un "envoyeur" de première ! Témoin ses deux premières courses au TT 2014, où il a réalisé une fin de parcours de pure folie. Ce qui lui vaut de détenir, depuis samedi, le nouveau record de la piste à 132,298 mph de moyenne (212,91 km/h, sur les 60 km du tracé de l’Ile de Man). Atteint d’un cancer voici quelques années, Anstey, sans rien dire, avait disparu de la circulation pour se soigner. Il est revenu plus frileux, et très gros dormeur. Mais sur la route, rien n’a changé. Il va vite, et il s’amuse.
Guy Martin (Anglais, 32 ans ; 0 victoire)
«On ne m’enterrera pas tant que je n’aurai pas gagné au TT», répète Guy depuis des années. Et pourtant, le TT continue de se refuser à lui. Il a remporté tant d’autres courses sur routes… sauf celle-ci, la plus chère à son cœur. Guy se dit trop facilement distrait : «Quand je roule, il m’arrive de penser à une bonne tasse de thé, ou à mes camions (dans le "civil", il est mécanicien poids lourds), et ça, ce n’est pas bon.» Délicieux excentrique, Guy n’en est pas moins un très grand pilote, et l’une des vedettes incontournables du TT.
Connor Cummins (Mannois, 28 ans ; 0 victoire)
Avec son 1,90m, Connor ne passe pas inaperçu dans le paddock ! Enfant de l’Ile de Man, il a grandi dans le culte du TT et fait d’une victoire - au moins une ! - l’objectif de sa vie. Victime d’un spectaculaire, et grave, accident au TT 2011, il a mis toute son énergie à revenir dès 2012. «Mais ces trois dernières années ont été plutôt pourries», convient-il. Engagé par le team Honda Racing au côté de John McGuinness, il nourrit cette fois de légitimes espoirs.
«Regardez-les, ils reviennent de la guerre !», s’exclame un commissaire sportif, avisant les visages exténués, et les yeux rougis des pilotes qui franchissent la ligne d’arrivée. Oui, en quatre ou six tours - de 240 à 360 km, selon les catégories -, ils ont tout vu, tout vécu, tout senti. Certains rient ou chantent sous leur casque, joyeux et soulagés de l’avoir fait. Les meilleurs, eux, sont souvent moins expansifs… mais pas moins heureux. Parmi eux, on retiendra les incontournables :
John Surtees (Anglais ; 6 victoires au TT)
Il a 19 ans lorsqu’il s’aligne au départ de son premier TT, en 1953. Loin de l’empêcher de tenter l’aventure, ses parents l’accompagnent, son père faisant office de mécanicien, et sa mère, de chronométreuse ! Tant qu’il battait sur pistes la référence anglaise, Geoff Duke, on disait de John Surtees qu’il n’était «qu’un pilote de circuits». Il fit définitivement taire ces vilaines langues en s’imposant sur les routes de l’Ile de Man. En 1957, durant les essais du petit matin, il percute une vache, mais n’en perd pas son flegme. «Je l’ai vue se relever et partir… Ni elle ni moi n’étions blessés !», se souvient-il.
Giacomo Agostini (Italien ; 10 victoires)
«Aussi souvent que je partais courir en Grand Prix, j’embrassais ma mère, en songeant que c’était peut-être la dernière fois. Mais cela ne m’empêchait pas d’y aller», raconte "Ago". Jusqu’en 1976, le TT était une manche du championnat du monde de vitesse. Giacomo Agostini, contrairement à certains de ses pairs - qui jugeaient l’épreuve trop dangereuse - ne s’en est jamais plaint. «Personne ne nous obligeait à faire ce métier.» Et pour lui, qui remporta pas moins de 15 championnats du monde, une seule victoire au TT, disait-il, valait à elle seule un titre.
Mike Hailwood (Anglais ; 14 victoires)
"Mike the Bike" avait tout pour lui : la naissance, l’éducation, le charme… et le talent. Les amoureux du TT avaient eu le cœur serré lorsqu’il avait annoncé son intention d’abandonner la moto pour passer sur quatre roues. Champion d’Europe de Formule 2, il était ensuite passé, logiquement, à la F1. Un accident en 1974 au Nürburgring, sur sa McLaren, mit fin à sa carrière automobile. Aussi le jugea-t-on fou quand, en 1978, à 38 ans, il revint au TT. Mais il le gagna, et rejoignit pour l’éternité la lignée des héros.
Joey Dunlop (Irlandais ; 26 victoires, record absolu)
Mort en 2000 en Estonie, sur une course sans importance, au guidon d’une 125 cc, Joey Dunlop est, aujourd’hui encore, l’idole d’enfants qui ne l’ont jamais connu. Joey était un taiseux, un humble, un timide. Son parler - rare - était doux et calme. L’inverse de son expression à moto. Là, il devenait exubérant, brillant, implacable. Derrière ses succès légendaires, au talent il associait le travail, passait des journées entières à préparer des machines, partait reconnaître la route à 2h du matin, les jours de course. Et prétendait qu’au TT, «un tour parfait n’existe pas». Mais si quelqu’un devait un jour le réaliser, tous ses adversaires pensaient que ce serait lui…
David Jefferies (Anglais ; 9 victoires)
Ce colosse était issu d’une famille de motards, remontant à Allan Jefferies, le grand-père. Il se plaisait à rappeler que le TT, il y était venu tout bébé déjà. En quatre ans de courses à l’Ile de Man, il s’était forgé un palmarès plus que prometteur. Il fut le premier pilote à franchir la barre des 125, 126 puis 127 mph de moyenne (201,17 km/h, 202,78 km/h et 204,39 km/h) sur un tour. Aimé et respecté de ses pairs, il s’est tué aux essais du TT en 2003. Sa famille a insisté pour que l’épreuve ne soit pas annulée. «Il n’aurait pas aimé»…
John McGuinness (Anglais, 42 ans ; 20 victoires)
John avait 2 ans lorsque son père, marchand de motos, l’installa sur un mimi 50cc, équipé de petites roues stabilisatrices ! Plus tard, complètement mordu, John se débrouilla seul pour financer sa carrière. Maçon et ramasseur de coques, il traça son chemin sur les circuits et surtout les routes. "Big John", qui, enfant, nourrissait une admiration sans bornes pour Joey Dunlop, a eu le bonheur de devenir un jour son équipier et "protégé" chez Honda. De Joey, John a hérité le style de pilotage, fluide et souple. Et Joey serait sans doute heureux de le voir aujourd’hui se rapprocher de lui au palmarès.
Michael Dunlop (Irlandais, 25 ans ; 8 victoires)
Neveu de Joey, et fils de Robert (5 victoires au TT), Michael a hérité la faconde de son père. Il s’est choisi pour emblème un taureau furieux, cela lui sied à la perfection, au physique comme au mental. Michael est doté d’une hargne farouche, boude quand il perd, exulte quand il gagne. Peu à peu, il a appris à "domestiquer" son langage. Sa première victoire internationale, il l’a remportée dans des circonstances terribles, en 2008 à la North West 200. Deux jours plus tôt, son père s’était tué là. Michael et son frère Williams ont couru quand même.
Bruce Anstey (Néo-Zélandais, 44 ans ; 9 victoires)
Sous ses abords de grand timide, au guidon, Bruce est un "envoyeur" de première ! Témoin ses deux premières courses au TT 2014, où il a réalisé une fin de parcours de pure folie. Ce qui lui vaut de détenir, depuis samedi, le nouveau record de la piste à 132,298 mph de moyenne (212,91 km/h, sur les 60 km du tracé de l’Ile de Man). Atteint d’un cancer voici quelques années, Anstey, sans rien dire, avait disparu de la circulation pour se soigner. Il est revenu plus frileux, et très gros dormeur. Mais sur la route, rien n’a changé. Il va vite, et il s’amuse.
Guy Martin (Anglais, 32 ans ; 0 victoire)
«On ne m’enterrera pas tant que je n’aurai pas gagné au TT», répète Guy depuis des années. Et pourtant, le TT continue de se refuser à lui. Il a remporté tant d’autres courses sur routes… sauf celle-ci, la plus chère à son cœur. Guy se dit trop facilement distrait : «Quand je roule, il m’arrive de penser à une bonne tasse de thé, ou à mes camions (dans le "civil", il est mécanicien poids lourds), et ça, ce n’est pas bon.» Délicieux excentrique, Guy n’en est pas moins un très grand pilote, et l’une des vedettes incontournables du TT.
Connor Cummins (Mannois, 28 ans ; 0 victoire)
Avec son 1,90m, Connor ne passe pas inaperçu dans le paddock ! Enfant de l’Ile de Man, il a grandi dans le culte du TT et fait d’une victoire - au moins une ! - l’objectif de sa vie. Victime d’un spectaculaire, et grave, accident au TT 2011, il a mis toute son énergie à revenir dès 2012. «Mais ces trois dernières années ont été plutôt pourries», convient-il. Engagé par le team Honda Racing au côté de John McGuinness, il nourrit cette fois de légitimes espoirs.
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Sam 21 Nov - 18:44 par FOURNIER
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